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07
octobre
2018

Le stress, facteur aggravant du cancer ? Il y aurait autant de traitements qu'il y a de patients...

Le 07 octobre 2018 dans la catégorie Traitements
Le stress, facteur aggravant du cancer ? Il y aurait autant de traitements qu'il y a de patients...

Le cancérologue David Khayat, personnalité parfois controversée, vient de sortir "L'Enquête vérité, vous n'aurez plus jamais peur du cancer". Il y avoue avoir longtemps déconsidéré le stress comme facteur important dans le cancer, ce qui lui paraît pourtant aujourd'hui primordial. Selon lui, la peur de l'adversaire "cancer" fait des dégâts, alors que mieux comprendre ce qui se passe biologiquement et mobiliser ses ressources via des soins de support comme la phytothérapie ou le coloriage, permettrait de se poser les bonnes questions, et de s'engager dans le chemin de la guérison.

Pour le cancérologue David Khayat, connu entre autres pour avoir été le dernier médecin de Johnny, "quand on n’arrive plus à gérer son stress, on augmente le risque d'avoir un cancer". Son nouveau livre "L'enquête vérité" invite à refuser la fatalité.

Un homme sur deux, une femme sur trois. Un millier de nouveaux cas chaque jour en France, 400 décès. Le cancer, "maladie qui terrorise" et "reste mystérieuse", est le personnage principal de L’enquête vérité de David Khayat, un essai construit comme un roman policier paru aux éditions Albin Michel, alors qu’Octobre rose sonne une nouvelle fois la mobilisation contre la maladie. Homme du premier plan cancer de Jacques Chirac, romancier, essayiste, le médecin de Johnny Hallyday cible un suspect bien connu contre le cancer : le stress.

"Vous n’aurez plus jamais peur du cancer" : vous faites une sacrée promesse…

Le cancer est comme un serial killer : dès lors que l’on connaît son mode opératoire, ses mobiles, la peur s’en va. On a l’impression de mieux maîtriser les choses quand on connaît son adversaire. Le problème, c’est que quand on annonce un cancer, c’est comme si on annonçait aux malades qu’ils vont mourir.


Pourquoi ?

Il y a un mystère autour de cette maladie. Les gens comprennent qu’une artère se bouche, et que ça fait un infarctus. Ils ne comprennent pas pourquoi quand on enlève un sein à une femme, le cancer revient dans le foie.


On connaît les facteurs de risque majeurs habituels, le tabac, la malbouffe. Comment opère le stress, le sujet de votre livre ?


Il n’y a pas un dîner, pas une conférence, où on ne m’a dit : "Vous êtes bien d’accord, le stress donne le cancer." Je soigne les malades d’un cancer depuis près de 45 ans, ils m’ont très souvent raconté avoir vécu des histoires douloureuses dans les années qui ont précédé la maladie. Il fallait en finir avec les croyances alors que je m’étais toujours refusé à faire un lien entre stress et cancer, je ne voulais évoquer que des choses démontrées scientifiquement. J’ai regardé tout ce qui était sorti sur le sujet. Ma conviction, aujourd’hui, c’est que ce lien existe, il est pratiquement démontré. J’essaie, tout au long du livre, d’expliquer comment ça marche.


Comment ?


Les études chez l’homme montrent que quand on n’arrive plus à gérer son stress, quand on n’a personne avec qui partager son désespoir, quand on ne voit pas d’issue, on augmente le risque d’avoir un cancer. Nous “sommes” nos cellules : quand elles ont le sentiment qu’une souffrance ne va jamais s’arrêter, les multiples sentinelles qui empêchent le développement de cellules anormales n’opèrent plus, les cellules préfèrent mourir et déclenchent une maladie mortelle.


Les études scientifiques vous semblent-elles assez convaincantes ?


Oui. À chacun, maintenant, de voir s’il est convaincu. Moi, je le suis. Comparé au tabac, à la malbouffe, aux virus, l’influence du stress est minime. Mais le stress augmente le risque. C’est pour ça que pendant des années, j’ai développé dans mon service d’autres approches de la maladie. Il faut chercher des béquilles pour éviter que tout ça ne nous fasse du mal.


Quand vous parlez de phytothérapie ou de coloriage, on vous prend au sérieux ?


Quand j’ai créé des consultations d’hypnose, de sophrologie, de réflexologie à la Pitié Salpêtrière, tout le monde a rigolé. Elles étaient pleines à craquer. Je constate qu’on y vient de plus en plus, de nombreux services en proposent. Il est temps que les gens importants se posent les mêmes questions.


Parlez-nous de Florence, votre "patiente zéro"…


Florence, et c’est évidemment un prénom d’emprunt, était une jeune malade que j’ai tenue vivante pendant sept ans. Un jour, sa situation s’est aggravée de manière fulgurante. Vous allez me dire que c’est normal, pas tout à fait. Une accélération violente comme ça, avec une résistance à tous les traitements… Les semaines qui ont précédé sa mort, elle m’a raconté que son mari l’avait quittée. Il y avait le chagrin, le désespoir de continuer son combat seule, alors qu’elle se sentait très affaiblie et dévalorisée. J’ai trop vu ça dans ma vie. C’est ce qui m’a amené, pendant un an, à lire tout ce qui avait été écrit sur le sujet. Depuis que le livre est sorti, tous mes malades se mettent à me raconter leurs histoires. Il y a une libération de la parole… c’est énorme !


Pourquoi, après tant d’années, ne parvient-on pas à guérir le cancer, à contenir la maladie comme on le fait pour le sida, par exemple ?


Le sida, c’est quelques gènes. Le patrimoine génétique d’une cellule cancéreuse est le même que le patrimoine génétique d’une cellule normale, c’est-à-dire 48 chromosomes avec 25 000, 30 000 gènes. Plus il y a de possibilités, plus il y a de subtilité, d’intelligence. Le problème, c’est que les gènes du cancer sont les gènes de la vie. Le cancer, c’est la vie ! Et la vie est incroyablement puissante.


On guérira, un jour ?


Actuellement, 65 % des cancers guérissent, 15 % des malades meurent en deux ans, les autres ont une maladie qui devient chronique. Est-ce qu’on va trouver ? Oui. On ne va pas trouver “le” traitement parce que ce n’est pas “le” cancer. On guérira le cancer parce qu’on trouvera autant de traitements que de malades. Je ne le verrai pas, mes enfants peut-être.


Vous n’avez pas été épargné par les critiques sur votre gestion, vos conseils de prévention appuyés sur des études dites "marginales"…


Je n’ai jamais été critiqué sur ma gestion. Quand j’étais aux côtés de Chirac, il y a eu des polémiques parce que je demandais de mettre en place des choses extrêmement contraignantes. Avant 2007, n’importe quel hôpital pouvait soigner n’importe quel cancer. J’ai demandé de créer des seuils, des établissements qui soignaient des cancers n’ont plus pu le faire. D’où la bronca…

Et j’ai mis en place le dépistage national du cancer du sein, tout le monde voulait le diriger. En plus j’étais “marqué” Chirac, alors que je n’étais pas chiraquien, j’étais guidé par l’intérêt national. Tout ça a fait que j’ai été l’objet de critiques. On m’a même reproché une soirée organisée à Versailles pour lever des fonds pour la lutte contre le cancer… l’argent, il n’y a que ceux qui en ont qui en donnent. C’est chez eux qu’il faut aller le chercher. Tout ce que j’ai pu faire dans ma vie a été contrôlé par la Cour des comptes (1). J’ai été honnête, j’ai bien fait mon travail.
Le monde des médecins est sans pitié…
Je ne sais plus quel chirurgien a écrit : "La confraternité, cette haine vigilante." Je pense que c’est vraiment vrai.


Que reste-t-il du garçon de 12 ans qu’un médecin avait condamné à une maladie incurable, qui apprend d’un autre médecin que c’est faux ?


Je voulais être ce magicien qui apportait du réconfort aux gens qui souffraient, j’ai passé ma vie à le faire. Je pense qu’un bon médecin est d’abord et avant tout un médecin bon.


Le cancer fait moins peur ? Johnny Hallyday, Bernard Tapie, maintenant Jean-Pierre Pernaut ont parlé de leur maladie…


J’aimerais, c’est encore faux.


(1) David Khayat a été contraint de démissionner de la présidence de l’Institut national du cancer en 2006 à la suite d’un audit gouvernemental et d’un rapport d’enquête parlementaire mettant en cause sa gestion. À son départ, un communiqué de l’Élysée a salué son "travail remarquable".

Une interview pour Midi Libre par Sophie Guiraud (à lire intégralement en suivant le lien)