Le système de soin de santé belge est parfois envié de l'étranger, surtout dans la prise en charge des cancers. Pourtant, force est de constater qu'il existe deux poids, deux mesures dans le remboursement de prothèses lors de la reconstruction. Si perruques et implants mammaires bénéficient d'aides financières, fort heureusement d'ailleurs, les prothèses dentaires fixes sont à charge du patient dans la carte du monde de l'INAMI. Que faire quand on n'a pas de quoi s'offrir un sourire?
Hier, en surfant sur Internet, je tombe avec surprise sur un article datant de 2013, intitulé "On me demande 14 000 euros pour réparer les dégâts de mon cancer". Cette histoire fait écho à la mienne. Moi aussi, suite à un cancer, on m'a retiré une grande partie de la mandibule inférieure, avec reconstruction immédiate, mais la perte de onze dents... Or la prothèse dentaire fixe n'est pas remboursée et coûte plusieurs milliers d'euros.
Lorsque la facture arrive chez mon assureur, celui-ci refuse d'intervenir sous prétexte que la mutuelle n'intervient pas en première ligne. Stupéfaite, je crois d'abord à une erreur de ma mutuelle. Hélas, ma conseillère, elle-même pantoise devant une telle absurdité, me confirme que l'INAMI ne considère pas la prothèse dentaire fixe comme étant remboursable dans ma reconstruction. Je tiens à souligner ici, que la mutuelle m'a toujours été d'une grande aide, jouant parfaitement son rôle de soutien.
Il existe en Belgique, le Fonds spécial de solidarité, dépendant de l'INAMI. Le Fonds spécial de solidarité est un filet de protection supplémentaire de la couverture « ordinaire » de l’assurance obligatoire soins de santé. Ce fonds octroie aux patients souffrant d’une affection très grave une intervention financière pour certaines prestations médicales qui ne sont pas remboursées et qui sont particulièrement coûteuses.
Malheureusement pour les patients atteints de cancer des voies aéro-digestives supérieures, les prothèses dentaires n'entrent pas en ligne de compte. Le paradoxe réside dans la motivation du refus de l'INAMI: il ne s'agit pas d'une affection rare (la perte de dents pouvant résulter de divers pathologies, rares et non rares), et il existe une alternative, à savoir les prothèses amovibles. Pourtant, l'oncologue et la prothésiste ont insisté sur le fait que la pose d'une prothèse amovible, était dans ce cas, impossible. Retirer une partie du mandibule nécessite une reconstruction à partir de lambeau du péroné, et le résultat obtenu reste médicalement différent et particulier, rendant impossible la pose d'une une prothèse amovible.
Tout se joue sur la notion de confort esthétique vs obligation fonctionnelle. La perte de la quasi totalité des dents de la mâchoire inférieure chez un jeune adulte, nécessite une reconstruction pour retrouver une élocution convenable et la capacité de manger normalement. Notez que les perruques et les prothèses mammaires bénéficient d'une intervention financière. Intervention que loin de contester, je salue.
Quand la reconstruction est à votre charge, le prix du cancer bat un nouveau record. On ne peut ici qu'encourager le public à la prévention, en souscrivant une assurance dentaire (renseignez-vous à votre mutuelle). Espérons qu'un jour, la loi sera du côté des patients!